refaire le monde
oui, la rentrée approche , alors ils ont tous réintégré leurs pénates,et , je reprends doucement mes habitudes;oh, je ne les avais pas tellement perdues, car les plus grands maintenant m'accompagnent dans mes soirées! et c'est un bonheur de rentrer tôt le matin avec eux , des chansons plein la bouche et des rêves plein la tête.
Mais , en ce moment ,mon aubergiste voisin étant en vacances , je dois aller plus loin(si peu)pour partager des soirées ,non, pas arrosées , enfin pas trop, juste ce qu'il faut pour que les couleurs de l'espoir reprennent leur droit de cité.Cet après midi , j'ai cueilli tout ce qu'il fallait dans mon jardin pour agrémenter gustativement la soirée promise :tomates, concombres, haricots verts,courgettes , poivrons et piments;alors au menu:concombres a la créme et au miel,tomates provençales , haricots verts a l'italienne,demain ce sera piperade et saucisses aux piments,avis aux amateurs ;il va de soi que tout ceci est accompagné,d'un vin rosé assez corsé ou au choix d'un rouge léger!
La soirée était comme a l'habitude fort animée, et chacun donnant son avis , le brouhaha commençait a me fatiguer; soudain , pointant aux carreaux , la lune m'a fait un signe discret et je me suis eclipsée.J'ai pris alors ce sentier que j'affectionne, c'est juste un peu plus long ,mais la nuit m'a paru tellement douce que ce choix s'imposait.Pas beaucoup d'étoiles, juste quelques scintillements derrière des filoches de nuages, et la lune donc, qui jouait a saute mouton de peupliers en bouleaux.La rivière semblait pleurer doucement dans le noir,les cascades avaient de petits soupirs, sans doute regrettaient elles le chant des grenouilles ,et oui , rien pas même un petit coassement,la mare tout près était déserte.
Mais en arrivant non loin de ma maison bleue, là où les prairies s'étalent,semblant se prélasser sous la clarté froide de cette pleine lune,les bestioles de la nuit se faufilaient en un bruit de taffetas mouillé;j'ai cru apercevoir l'ombre d'un jeune renard, sous mes pas s'est effrayé un ragondin,et des arbres montait le raffut des ramiers cherchant un coin pour dormir.Plus près encore de chez moi , l'eau de la rivière en s'évaporant faisait comme un châle d'angora blanc estompant l'herbe des champs.Et, bien sûr le cri de la chouette aidant , j'imaginais mes sorcières berrichonnes , arrivant sur leur balai,j'entendais leur conciliabule(bah, ce n'était que le léger frisson d'un petit vent dans les peupliers)et leur rire joli s'éparpillant par dessus la brume.Elles ne ricanent pas mes sorcières, elles se moquent gentiment des humains tellement crédules,des humains a qui on rabâche que ça y est la croissance repart avec 0,5% au premier trimestre;on oublie de leur préciser a ces humains crédules que cela est dû a un hiver plus long et qui a obligé les gens a se réapprovisionner en gaz ou fuel.........elles dansent aussi , je vois leurs ombres mouvantes s'allonger sur le gazon frais.Un chien qui jappe au loin dissipe le sortilège,un oiseau de nuit trace son trait lourd sous les arbres,un chat se faufile sous les ramures a la recherche d'une souris en goguette, ma maison trace sa silhouette sombre au bout du chemin;j'enjambe la rivière au moyen d'une passerelle de bois,je traverse une dernière lande et me voici sur le pas de ma porte, l'auberge du moulin est silencieuse c'est inhabituel! une chouette effraie passant dans la lumière montre son masque blanc,sans doute est elle venue me dire bonsoir;je constate soudain , que les grillons ne font plus entendre leur bruit de claquettes dans le soir ,l'automne est en chemin, et l'été se fait la malle insensiblement!
Il est 1h30 du matin , encore un petit café, léger pour ne pas retarder mon sommeil , car demain de bonne heure le sacro saint marché du samedi m'attend avec sa ribambelle d'amis (ies)et de nouveau le monde se refera a la terrasse du café du commerce.
que la nuit soit douce a tous ceux et celles qui chemineront sur cette page(bonne nuit marsu )
lever du jour sur ma prairie, les sorcières ont regagné leur tanière