je vous mets une partie d'un texte de Panagiotis Grigoriou, si ce n'est déjà fait allez visiter son blog , en bas dans mes fav
Les trains étaient bondés lundi soir en provenance du Nord de la Grèce. Retour bon marché depuis lekairos(temps) des fêtes, mais l'arrivée devient-elle coûteuse dans Athènes si «dechronisée». Les voyageurs se donnant à cœur joie sur notre temps de crise, désaccords sur le fait de la supposée responsabilité collective, unanimisme pourtant sur la responsabilité des politiques. Une dame interpèle le contrôleur. “En montant dans le train il n'y avait plus personne pour nous guider afin de trouver nos wagons, et à la gare, un seul agent, celui travaillant au guichet; une honte”. “Mais Madame, vous le savez, nos anciens collègues se sont vus vite mutés au ministère de la santé. Suivant les termes du mémorandum II, il fallait réduire les effectifs dans le chemin de fer, donc ils sont devenus ambulanciers ...”. “Bon passons, vous n'étiez pas un peu profiteur vous aussi ? Puis, ils nous faut pas mal de kairos jusqu'à Athènes, non ?”. “Non Madame, je n'ai jamais profité de rien, sauf de mon salaire même amputé, je ne fais que travailler comme vous, je l'espère en tout cas, et je suis toujours à votre service, souriant comme vous voyez”. “Je suis au chômage vous savez ...”. “Excusez moi madame, je vous souhaite de retrouver du travail cette année 2012, ah oui, nous arriverons à Athènes dans quatre heures, le kairos sera un peu long”. “Merci, je vous souhaite également de ne pas le perdre ... votre travail cette année ....”.
Regarder et voir droit devant dans le temps, leKairosdes Grecs anciens, la météo, par un certain glissement sémantique chez les Grecs modernes. “Un homme politique se juge aussi à sa capacité à saisir ce que les Grecs anciens appelaient le kairos : le moment opportun. Pour faire basculer une situation, accélérer, prendre l’avantage”, affirme aussi Nicolas Demorand dans Libération (3/01/2012). Et voila que selon le directeur de publication à ce journal, “Pour la première fois avec autant de netteté, il déroule la feuille de route de sa campagne et décrit les valeurs qui guideraient son quinquennat. Quels seraient les leviers dont il disposerait comme président d’un pays en crise, dans une économie mondialisée”.
Bloomberg ce matin, se dit convaincu «que la meilleure solution pour la Grèce n'est pas la sortie de l'euro mais la dévalorisation violente de son économie intérieure, c'est-à-dire par un chômage élevé, les syndicats et le monde du travail accepteront les très bas salaires. Ainsi le pays redeviendra concurrentiel et la croissance reviendra» (sic), cité parwww.in.gr (4/1/2012). Quelle démonstration franche sur le but et le vrai mécanisme de la plus grande tromperie de la décennie pour ne pas dire de l'après 1945. Ni grande idée de l'Europe, ni Jean ni Monnet, seulement ... monnaie.
Puis ces jours, nous avons toujours une pensée pour la France et sa douloureuse campagne électorale. «Ah ces Français vont-ils comprendre, nous y songeons..», me disait hier un ami traducteur. Il avait également lu la presse française où, François Hollande explique de son coté que «le chômage est au plus haut parce que la croissance est au plus bas» et que certes «il y a la crise. Elle est le produit de la mondialisation débridée, de l’arrogance et de la cupidité des élites financières, du libéralisme effréné, sans oublier l’incapacité des dirigeants européens à dominer la spéculation» (Libération, 3/1/2012). Et alors ? Je ne vois pas la «netteté, [dont] il déroule la feuille de route de sa campagne», selon l'analyse de Nicolas Demorand. Surtout que la bonne question n'est pas «plutôt que de reconduire un président qui aurait tellement changé, pourquoi ne pas changer de président, tout simplement ?» (François Hollande), mais que faire face à l'euro, cette monnaie des spéculateurs … attitrés, aux mains desquels les pays de la zone ont depuis longtemps déposé leur souveraineté. Les spéculateurs (banques connues et autres ramifications kairoscopiques moins connues), ont alors fabriqué les dettes dites souveraines, pour passer ensuite au stade suivant, celui de la dictature. Le but de l'euro, tout comme celui des instances de l'U.E. est notre asservissement, ni plus ni moins. Comme si, amputer les salaires dans le public ou dans le privé réduirait la dette, eh bien NON, c'est faux. Un tiers de la population grecque se trouve sous le seuil de pauvreté et la dette explose. Car en réalité il n'y a plus de seuil de pauvreté … estimable en Europe sous le destin bancocratique. La mort, tout simplement !
La kairoscopie (supposons de bonne foi, pourquoi pas) de François Hollande, consiste à affirmer que « nous pouvons, même dans une économie mondialisée, maîtriser notre destin. Nous le pouvons en comptant d’abord sur nos propres forces, et en agissant au niveau de l’Europe, à condition que celle-ci soit réorientée» ou encore que «le choix que vous aurez à faire sera décisif. Décisif, il le sera pour vous, pour vos enfants, pour l’avenir de votre patrie, pour l’Europe aussi, qui attend et espère entendre à nouveau la voix de la France, une France dont elle a besoin pour retrouver un projet et un destin».
Cette Europe ne sera jamais réorientée et son seul projet est celui des banques, pour la simple raison que l'époque où les illusions sur les chars de combat qui peuvent se transformer en engins agricoles est terminée. Game over ? Camarades du P.S. français, éteignez votre console et ouvrez les yeux, ceux du P.S. grec ont carrément éteint le … pays.